La « One Big Beautiful Bill » une coincidence pour les canadiens

Auteur : Pascal Dion
Temps de lecture : 5 min

Le 1er juillet 2025, la proposition de loi « One Big Beautiful Bill » de Donald Trump a été adoptée par la chambre des représentants aux États-Unis. Cette adoption est survenue le même jour que la Fête du Canada. Quelle coïncidence avec son idée de l’intégration éventuelle du pays en tant que 51e État! 

 

Qu’est-ce que le « One Big Beautiful Bill » (OBBB) ? 

Ce projet de loi budgétaire propose des mesures d’allègement fiscal, des réductions des dépenses publiques, ainsi que de nouveaux financements destinés à la défense nationale et aux procédures d’expulsion. Un montant de 46,5 milliards de dollars est alloué à la construction du mur frontalier avec le Mexique. 

Pour financer ces dépenses, l’administration de Donald Trump envisage de renforcer les conditions d’accès au programme Medicaid, ce qui pourrait entraîner la perte de couverture médicale pour environ 12 millions d’Américains. De plus, la « One Big Beautiful Bill » prévoit la suppression progressive des crédits d’impôt accordés aux énergies renouvelables. 

Les représentants républicains considèrent ce projet de loi comme une étape majeure, estimant qu’il permettrait une réduction d’impôts importante, une hausse des salaires et une augmentation du revenu net moyen pour les citoyens américains. Toutefois, selon l’analyse du bureau budgétaire du Congrès, cette législation augmenterait la dette publique américaine de 3 400 milliards de dollars d’ici 2034. 

Cette proposition de loi suscite des divergences notables, comme en témoigne le débat à la Chambre des représentants qui a duré vingt heures, marquant ainsi le plus long débat de l’histoire de cette institution. Elon Musk, précédemment proche de Donald Trump, a averti le gouvernement que si ce projet était adopté, il envisageait de créer un nouveau parti politique et de financer les campagnes de candidats opposés à ceux en poste lors des primaires républicaines. Par ailleurs, le budget alloué à l’immigration et aux douanes pourrait passer de 10 à 100 milliards de dollars. Cette augmentation vise à financer les centres de détention pour immigrants en situation irrégulière, renforcer la sécurité à la frontière avec les États-Unis, et soutenir des initiatives d’expulsion ciblées. 

Pour compenser ces mesures, il est proposé de réduire les dépenses de Medicaid, un programme qui couvre les frais médicaux de nombreux Américains à faible revenu. Il est également envisagé une réduction de 20 % d’un important programme d’aide alimentaire destiné à plusieurs millions de personnes. De plus, les crédits d’impôt pour l’achat de véhicules électriques seraient supprimés. Cela soulève des questions quant à la portée et aux effets potentiels de cette législation. 

Aux États-Unis, l’impact de cette mesure diffère selon les groupes socio-économiques : les ménages à faible revenu rencontrent généralement une situation financière moins favorable, tandis que ceux ayant des revenus plus élevés bénéficient de certains avantages. Cette législation est également liée à une augmentation de la dette nationale américaine. Les projections indiquent que le déficit devrait rester important au cours de la prochaine décennie. Il n’est pas encore établi si cette évolution de la dette aura des effets sur les marchés financiers. 

Les réductions d’impôts adoptées lors du premier mandat de Trump arrivaient à expiration. Leur reconduction nécessite un financement supplémentaire, ce qui contribue à l’augmentation de la dette publique. 

Parmi les allègements fiscaux, les plafonds de déduction pour les impôts locaux et d’État passent de 10 000 $ à 40 000 $, et l’exonération des droits de succession sera doublée à 15 millions de dollars par personne en 2026. Par ailleurs, une réduction substantielle du financement de Medicaid est prévue. Concernant les assurances médicales, une diminution budgétaire de 1 000 milliards de dollars est envisagée. Les marchés d’assurance santé représentent un mécanisme mis en place par le gouvernement américain afin d’offrir une couverture médicale aux ménages et entreprises aux États-Unis. Ainsi, ces secteurs feront l’objet de réductions. 

Une augmentation significative du budget alloué à la gestion des frontières et à l’immigration est également programmée. Le département de l’immigration bénéficiera de cette hausse budgétaire et mettra l’accent sur les mesures de déportation, ciblant notamment les immigrants en situation irrégulière, qui constituent toutefois une part importante de la main-d’œuvre dans certains secteurs de l’économie américaine. Ces ajustements pourraient avoir un impact économique notable dans les années à venir. 

Globalement, ces changements entraîneront un déficit supplémentaire estimé à 3 400 milliards de dollars sur les dix prochaines années. 

L’impulsion fiscale correspond à la variation du déficit primaire. Le déficit primaire est le déficit du gouvernement sans tenir compte des paiements d’intérêts sur la dette, ce qui représente le solde budgétaire lié aux opérations courantes du gouvernement. Une augmentation du déficit soutient l’économie, tandis qu’une diminution a un effet inverse. Selon les projections, une hausse du déficit pourrait contribuer à la croissance économique prévue pour 2026. En outre, 2026 sera une année d’élections de mi-mandat, période lors de laquelle la conjoncture économique peut influencer le comportement électoral. Cette démarche témoigne d’une réelle habileté de la part des républicains car elle contribue globalement à la croissance économique. Le positionnement du gouvernement républicain pour les élections de mi-mandat pourrait être plus facile. 

La hausse du déficit public et l’ajout de tarifs devraient nuire à l’économie américaine en 2025, puis légèrement en 2026, avant de devenir neutres d’ici la fin du mandat de Donald Trump. Malgré une législation avantageuse pour les Républicains, le déficit américain devrait rester entre 6 et 7 % du PIB sur dix ans, alimentant une dette croissante, ce qui est insoutenable en période de paix et de croissance économique. Les projections restent inquiétantes pour la décennie à venir. 

Il convient de rappeler que les États-Unis ont été dégradés par les trois principales agences de notation américaines. La possibilité de nouvelles perspectives négatives, voire d’autres dégradations, n’est pas à exclure. Par ailleurs, il existe un risque de désengagement du marché obligataire vis-à-vis de la dette américaine, d’autant plus que cette dernière comporte une maturité relativement courte et requiert des refinancements fréquents. Ce contexte accroît la probabilité d’incidents de marché au fil du temps, ce qui crée un environnement propice à des perturbations. 

Si un incident de marché venait à se produire ou si l’intérêt du marché obligataire pour la dette américaine faiblissait, cela pourrait entraîner une hausse rapide des taux, provoquant ainsi des répercussions sur les marchés des actions, les devises et d’autres classes d’actifs. Cette situation demeure donc à surveiller attentivement. Bien qu’une crise ne soit vraisemblablement pas imminente, il semble peu probable de pouvoir maintenir indéfiniment des déficits annuels de 6 à 7 %. À terme, cette trajectoire pourrait déboucher sur une crise fiscale. Le suivi de l’évolution de ces enjeux restera un sujet majeur pour la fin de l’année. 

 

Quel sera l’impact de la OBBB pour nos portefeuilles d’investissement? 

La hausse du déficit public et l’imposition de nouveaux tarifs sont susceptibles de ralentir la croissance de l’économie américaine en 2025, avec un impact globalement neutre prévu d’ici la fin du mandat de Donald Trump. Malgré une législation considérée comme favorable aux Républicains, le déficit devrait rester compris entre 6 et 7 % du PIB sur une période de dix ans, contribuant à l’augmentation de la dette publique. 

Les États-Unis ont déjà vu leur note dégradée par les trois principales agences de notation, et de nouvelles baisses restent possibles. Le marché obligataire doit gérer une dette à maturité courte et des besoins réguliers de refinancement, ce qui pourrait accroître le risque d’incidents financiers si une partie des investisseurs se retire. 

En cas de perte de confiance, une augmentation des taux d’intérêt pourrait affecter les marchés boursiers, les devises et d’autres classes d’actifs. Bien qu’une crise ne soit pas considérée comme imminente, le maintien d’un déficit élevé sur le long terme pourrait entraîner des tensions budgétaires accrues, voire une crise fiscale si cette tendance devait se poursuivre. 

La révision de votre diversification et de votre positionnement constitue une recommandation importante à envisager. 

Articles similaires

En évitant les risques, protégez-vous réellement votre avenir financier ?

On croit souvent que ne pas bouger, c’est jouer la carte de la sécurité. Mais en matière de placements, l’immobilisme peut coûter bien plus cher que le risque lui-même. Et...

Le trading au sein d’une société de gestion : avantages, fonctionnement et limites

Le monde de l’investissement offre aujourd’hui une multitude de façons de faire fructifier son capital. Parmi celles-ci, le recours à une société de gestion, aussi appelée holding, gagne en popularité....

Les stratégies pour minimiser l’impôt sur les héritages

Vous allez hériter ou transmettre un héritage? Sachez que 45 % des successions posent problème en raison d’une planification insuffisante. Dans ma pratique, j’ai souvent constaté que le partage d’un...