Alerte rouge sur la croissance mondiale : tous les signaux clignotent

Auteur : Pascal Dion
Temps de lecture : 5 min

La question n’est plus de savoir si une crise économique mondiale se profile, mais plutôt à quel moment elle éclatera réellement. En cette mi-année 2025, les voyants sont au rouge : l’économie mondiale avance à reculons, comme un accident au ralenti. C’est ce que plusieurs économistes appellent désormais une récession lente une situation où les dégâts s’accumulent graduellement, sans choc brutal, mais avec des effets économiques qui s’amplifient silencieusement.

Le Fonds Monétaire International maintient une prévision de croissance globale à 3 %, mais celle-ci cache de profondes failles structurelles. De l’Amérique du Nord à l’Asie, en passant par l’Europe, les tensions s’accumulent. Comment s’y préparer et quelles sont les étincelles qui pourraient précipiter le point de bascule ?

 

1. Dette, inflation et emploi : la pression monte partout

Une inflation dissimulée, des dettes record

Depuis mai dernier, les États-Unis de Donald Trump ont modifié la méthode de calcul de l’inflation, troquant des données concrètes pour près de 40 % d’approximations statistiques. Dans cette lutte idéologique contre la science économique, la transparence a été sacrifiée au profit de la rhétorique politique.

Les banques centrales, elles, ne sont pas dupes. La Banque du Canada et la Fed ont décidé de ne pas modifier leurs taux directeurs, malgré les pressions, car elles anticipent que les vraies données referont surface. Et à ce moment, il faudra peut-être remonter les taux, aggravant encore plus la pression sur le crédit, l’investissement et la consommation.

Pendant ce temps, la dette mondiale continue de croître. Selon le FMI, elle pourrait atteindre 117 % du PIB mondial d’ici 2027, un sommet historique. Ce contexte alimente une récession silencieuse, où les marges de manœuvre des États s’érodent sans que cela ne provoque de crise immédiate mais avec des conséquences profondes sur plusieurs années.

Marchés euphoriques, économie réelle en fatigue

Les marchés boursiers semblent atteindre des sommets, mais ce n’est qu’une illusion. Le ratio cours/bénéfice (Price-Earnings ratio), qui indique combien vous payez pour chaque dollar de bénéfices généré par une entreprise, frôle 34 pour le NASDAQ 100 et 30 pour le S&P 500, des niveaux qui traduisent une surévaluation importante. Les grandes capitalisations technologiques dominent l’indice, masquant la fragilité du reste de l’économie. Cette déconnexion accentue la perception d’un système solide, alors que les fondations s’effritent lentement.

Au Canada, le chômage monte à 7,0 %, et l’emploi stagne malgré une croissance démographique continue. En Europe, la jeunesse est particulièrement touchée, avec un chômage atteignant 14,8 %, freinant l’élan de reprise dans les pays du Sud. Tous ces signes dessinent une récession lente, diffuse, mais bien installée.

 

2. Les détonateurs de la prochaine crise

Trump, opacité et dérive institutionnelle

Autour de Trump, les pratiques douteuses se multiplient : manipulation des cryptomonnaies, délits d’initiés, enrichissement personnel au détriment des institutions publiques. La SEC, la procureure générale et même la justice fédérale sont maintenant sous son influence directe. Cette instabilité politique et réglementaire ajoute une couche de risque systémique aux marchés, minant la confiance à moyen terme.

Énergie, géopolitique et inflation importée

L’OPEP+ a légèrement augmenté sa production, mais le prix du pétrole reste suspendu à la situation géopolitique. Un embrasement au Moyen-Orient ou un affrontement autour de Taïwan pourrait provoquer un choc pétrolier latent, déclenchant une nouvelle vague inflationniste mondiale. Comme en 2022 avec l’Ukraine, la déstabilisation des chaînes d’approvisionnement est l’un des catalyseurs d’une récession lente.

Immobilier mondial : sous pression constante

Le secteur immobilier vit lui aussi une érosion graduelle. En Australie et au Canada, les prix, après avoir bondi de 50 % depuis 2020, commencent à se replier. Le risque de défaut hypothécaire augmente avec des taux élevés et une pression sur les revenus des ménages. On ne parle pas encore d’effondrement, mais d’un resserrement progressif du crédit et d’un ralentissement des transactions, symptomatiques d’un ralentissement structurel de l’activité économique.

Récession technique ou glissement prolongé ?

La Banque mondiale prévoit une croissance de 2,3 % pour 2025, soit le plus bas taux depuis plus de 50 ans (hors récessions pures). Le Canada devrait vivre une récession « modeste », avec des contractions de –1,1 % et –1,7 % aux deuxième et troisième trimestre, selon Deloitte. La récession lente ne se manifeste pas toujours par des chutes spectaculaires, mais par une érosion continue du pouvoir d’achat, de l’emploi et de l’investissement. Aux États-Unis, JP Morgan évalue à 40 % les chances d’une récession d’ici la fin de 2025, un chiffre en hausse.

 

3. Survivre (et tirer parti) d’une récession lente

Dans une récession lente, l’économie s’use sans fracas, mais de façon continue. Pour y faire face, la diversification est essentielle. L’or, en hausse de 15 % en 2024, reste une valeur refuge. Les actions défensives offrent aussi de la stabilité.

Il faut éviter les titres surévalués, notamment dans la tech spéculative, et privilégier les obligations à court terme pour limiter les pertes. Garder des liquidités disponibles permet de saisir les opportunités : entreprises en difficulté, actifs sous-évalués, rachats stratégiques.

Malgré le ralentissement, certains secteurs restent porteurs : énergies renouvelables, relocalisation industrielle, santé, cybersécurité. Dans ce climat incertain, la patience, la prudence et la vision à long terme feront la différence.

 

La situation économique mondiale de 2025 est profondément instable. Sous le calme apparent des indices boursiers, une tempête se prépare. La manipulation des données, les conflits d’intérêts au sommet de l’État américain, la concentration des richesses, tout cela prépare un choc plus profond qu’il n’y paraît.

Mais cette crise peut aussi être une opportunité de repenser les fondements économiques : investir dans les énergies renouvelables, moderniser les institutions, favoriser des modèles durables. Il faudra, cependant, beaucoup de courage politique… et de vigilance citoyenne.

Car, comme toujours en économie : le plus important, ce n’est pas la chute, c’est l’atterrissage.

 

Sources : 

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