Quand on veut décaisser son REER, est-ce qu’on doit attendre à 71 ans pour le transférer en FERR?
Commençons par le fonctionnement du REER. Lorsque vous cotisez à votre compte REER, vos cotisations sont déductibles de vos revenus, ce qui vous permet de réduire votre impôt annuel. Pour plus d’informations sur le fonctionnement du REER, vous pouvez consulter mes vidéos sur le sujet.
Supposons que vous avez cotisé régulièrement à votre REER tout au long de votre carrière. À 65 ans, vous prenez votre retraite avec un solde de 1 000 000 La question se pose alors : que faire avec cet argent pour répondre à vos besoins durant la retraite ?
Voici trois options principales pour gérer votre REER à la retraite. Vous devez agir avant la fin de l’année de vos 71 ans, après quoi il n’est plus possible de détenir un REER.
La première option envisageable est la liquidation complète du compte REER. Par exemple, un individu prenant sa retraite avec un solde de 1 000 000 dollars dans son portefeuille REER et peut choisir de retirer intégralement cette somme vers son compte bancaire. Toutefois, cette approche n’est généralement pas recommandée. En effet, alors que les cotisations au REER permettent de réduire le revenu imposable et ainsi d’économiser sur les impôts, les retraits effectués sont traités fiscalement comme des revenus additionnels. Ainsi, en retirant l’intégralité d’un REER de 1 000 000 dollars en une année, le montant total du retrait s’ajoutera aux autres sources de revenus tels que les revenus locatifs, les prestations gouvernementales ou encore une pension. Ce cumul risque d’entraîner une charge fiscale substantielle pour l’année concernée. De ce fait, il est conseillé d’évaluer attentivement les conséquences fiscales avant d’opter pour cette solution.
Une seconde solution, bien qu’elle soit moins courante, peut s’avérer pertinente pour certaines personnes : convertir son compte REER en une rente viagère. Concrètement, il s’agit de transférer le solde de son REER, par exemple 1 000 000 dollars, à une compagnie d’assurance qui, en contrepartie, garantit le versement d’une rente mensuelle fixe, telle que 2 000 dollars, pour toute la durée de la vie du titulaire. Cette approche présente l’avantage d’assurer une prévisibilité financière importante grâce à des paiements stables et garantis jusqu’à la fin de vie. Toutefois, elle implique une perte de flexibilité, puisque les fonds transférés ne sont plus accessibles. Par exemple, durant la retraite—entre 65 et 75 ans—il peut être souhaitable de disposer de revenus supérieurs afin de financer davantage d’activités ou de voyages, puis de réduire les besoins au-delà de 75 ou 80 ans. Si le capital demeure dans le REER, il est alors possible d’adapter les retraits selon ses besoins. À l’inverse, opter pour une rente impose un montant mensuel fixe, tel que 2 000 dollars, sans possibilité de modulation.
Un deuxième inconvénient lié à la rente concerne le décès prématuré. En effet, une fois que vous avez converti, par exemple, un capital de 1 000 000 dollars provenant d’un compte REER en une rente mensuelle de 2 000 dollars auprès d’une compagnie d’assurance, ce capital n’est plus disponible. En cas de décès prématuré, le versement de la rente prend généralement fin, bien qu’il soit parfois possible de prévoir une transmission au conjoint selon les modalités du contrat. Cependant, cette option ne garantit pas nécessairement la transmission d’un capital résiduel à vos enfants ou autres héritiers. À l’inverse, le maintien des fonds dans votre compte REER vous permet de transmettre l’intégralité du montant à vos héritiers en cas de décès. Ainsi, bien que la rente puisse convenir à certaines situations ou profils, elle ne constitue pas l’option la plus couramment retenue.
Nous arrivons maintenant à la troisième option, qui est également la plus couramment choisie : convertir votre compte REER en un compte FERR. Un compte FERR, ou fonds enregistré de revenus de retraite, fonctionne de manière similaire à un REER, à la différence que vous ne pouvez plus y effectuer de nouveaux dépôts. Chaque année, un décaissement minimal, déterminé selon votre âge, doit être effectué. Il est possible de retirer un montant supérieur à ce minimum, mais le respect d’un seuil plancher demeure obligatoire. Le barème du minimum requis, illustré dans le tableau ci-joint, varie en fonction de l’âge du titulaire du compte.
Par exemple, à 71 ans, le taux de retrait minimum est de 5,28 %. Si un compte REER contient 1 000 000 $, le montant minimal à retirer sera de 52 800 $. Il est possible de déterminer le pourcentage de retrait minimum d’un compte FERR en fonction de l’âge du conjoint. Si ce dernier est plus jeune, cela permet de réduire le montant à retirer comparativement à l’utilisation de son propre âge lorsque celui-ci est plus avancé.
Ces pourcentages s’appliquent à la valeur du compte au 1er janvier de l’année. Si le retrait minimum n’a pas été effectué d’ici le mois de décembre, l’institution financière procédera généralement à un retrait automatique correspondant au montant minimal requis vers le compte bancaire du titulaire.
La conversion d’un compte REER en compte FEER constitue généralement l’option la plus couramment privilégiée, car elle permet un transfert sans incidence fiscale. Cette opération s’effectue automatiquement, sans générer d’imposition au moment de la conversion. Les revenus générés dans le compte FERR continuent de bénéficier d’une exonération fiscale. Seuls les retraits effectués à partir du compte FERR seront imposables, à l’instar du fonctionnement du REER.
La conversion d’un compte REER en compte FEER doit impérativement être effectuée au plus tard le 31 décembre de l’année où vous atteignez 71 ans. Après cette échéance, le gouvernement considérera que le compte REER a été liquidé, ce qui entraînera une imposition importante. Toutefois, dans la grande majorité des cas, votre institution financière ou votre conseiller s’assurera de vous rappeler cette démarche à temps lors de votre 71e année.
Et si jamais il n’y a pas forcément d’institution de votre part, habituellement la conversion est faite automatiquement. Mais assurez-vous quand même de garder ça à l’esprit pour effectuer et vérifier que la conversion a bien été effectuée avant la fin de l’année de vos 71 ans. Autrement, vous pouvez le faire également avant vos 71 ans. Il n’y a pas forcément d’âge minimum pour pouvoir convertir votre compte REER en compte FERR.
Cependant, ce n’est pas forcément quelque chose qui est recommandé parce que vous allez perdre la flexibilité de venir potentiellement cotiser à votre compte REER, admettons que vous recevez un héritage ou peu importe. Vous souhaitez cotiser à votre REER, bref, pour n’importe quelle raison, vous perdez cette flexibilité-là. Et également aussi, vous perdez l’avantage de ne rien décaisser parce que dans un compte FERR, comme je disais précédemment, vous devez décaisser un montant minimum. Alors que dans un compte REER, si vous souhaitez ne rien décaisser, vous pouvez ne rien décaisser.
Les seules choses qui peuvent être intéressantes potentiellement à venir convertir une partie, je dis bien une partie de votre compte REER en compte FERR, c’est pour bénéficier de certains crédits d’impôt que vous pourriez avoir à partir de vos 65 ans. Le fait de venir décaisser depuis un compte FERR s’ajoute comme un fonds de revenus de pension. Alors que si vous décaissez depuis un compte REER, ça ne rentre pas dans la même catégorie.
Par exemple, si vos projections financières prévoient des retraits de votre compte REER entre 65 et 71 ans, l’âge limite pour effectuer la conversion, il est possible durant cette période de convertir une partie de votre REER en compte FERR. Vous pouvez alors retirer certains montants depuis le compte FEER plutôt que directement du REER, ce qui permet d’accéder à des crédits d’impôt particuliers. Cette démarche peut présenter des avantages fiscaux selon la situation.
Je vous recommande vivement de consulter un expert afin d’évaluer votre situation personnelle, notamment en ce qui concerne vos finances, la répartition de vos placements et l’anticipation de vos revenus à la retraite. Un professionnel saura vous conseiller sur les démarches les plus avantageuses à envisager selon votre profil.