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Le portefeuille 60/40 a-t-il fait son temps ?

Le portefeuille 60/40 a longtemps été une des stratégies de diversification les plus adoptées et efficaces, faisant ses preuves avec de forts rendements historiques pour l’appuyer. La stratégie consiste de répartir son portefeuille de placements par classe d’actifs, 60% en actions et 40% en obligations. L’objectif est de se protéger contre le risque d’une baisse d’une classe d’actifs, qui serait beaucoup plus dévastatrice si on n’en détenait qu’une seule. Cette stratégie a connu de grands succès année après année pour les quelque 100 dernières années, mais a subi une chute drastique en 2022, représentant un des pires rendements annuels de son histoire1.

 

Comment cela fonctionne ?

Le risque d’un portefeuille peut être mesuré par plusieurs facteurs, mais principalement par sa volatilité. Il y a quelques façons de réduire la volatilité d’un portefeuille, la plus évidente étant d’y ajouter des actifs moins volatils tels que des liquidités, de l’or ou d’autres actifs tangibles. Toutefois, les actifs ayant une volatilité plus faible sont souvent susceptibles de générer un rendement espéré plus faible. Pour éviter cet échange défavorable, on peut autrement réduire la volatilité de son portefeuille en y ajoutant des actifs négativement corrélés. Autrement dit, si le stock A performe bien lorsque le stock B sous-performe, et vice-versa, ils protègeront mutuellement les pertes de l’autre, tout en maintenant leur rendement espéré respectif en période de croissance normale. Ce principe est la fondation du portefeuille 60/40, en raison de la corrélation historiquement négative des actions et des obligations.

 

Une année à oublier

L’année dernière fut une année difficile pour le portefeuille 60/40. En fait, 2022 a connu le pire rendement depuis 1937, alors que l’économie souffrait encore de la Grande Dépression. Cet important recul est le résultat d’une inversion de la corrélation entre le rendement des actions et celui des obligations. Alors que les actions chutaient en raison des tensions en Ukraine et de la pression appliquée sur l’économie mondiale, les obligations ont aussi connu le pire rendement annuel de leur histoire. En raison de l’inflation à des hauts historiques et des taux d’intérêt qui ont grimpé en flèche dans l’espoir de combattre cette inflation persistante, les obligations américaines ont généré un rendement annuel négatif record de -10,8%. La combinaison avec le rendement annuel de -19,6% de l’indice du S&P 500 se conclut par une année désastreuse pour le portefeuille 60/40, qui compte habituellement sur le rendement certain des obligations pour se protéger contre la volatilité des actions. Dans les 10 dernières années, le portefeuille 60/40 mondialement diversifié a connu un rendement annualisé de 6,1%, qui aurait été 8,9% sans l’année drastiquement négative de 20222. Certains investisseurs ont réagi rapidement à l’année 2022, annonçant que cette année-là marquait la mort du portefeuille 60/40 et que cette stratégie d’investissement ne serait plus adoptée étant donné qu’on ne pouvait plus compter sur la corrélation négative entre les actions et les obligations. En effet, le portefeuille 60/40 typique avait décliné d’environ 12% au cours de l’année3.

Rendement des obligations du Trésor américain

 

Le portefeuille 60/40 est-il réellement chose du passé ?

La chute drastique du portefeuille 60/40 en 2022 était le résultat du pire rendement annuel des obligations de l’histoire combiné avec un rendement négatif important des actions. C’était la première fois depuis 1969 que les rendements annuels des actions et des obligations étaient tous deux négatifs, et la troisième fois de l’histoire incluant 19314. Tout comme en 2022, 1969 a été une année où l’inflation accélérait à un rythme fulgurant et où les taux d’intérêt ont grimpé drastiquement. Familier, n’est-ce pas ? En effet, des conditions économiques hors du commun sont à la source des deux dernières chutes simultanées des actions et des obligations. Bien qu’une inversion de la corrélation négative entre les classes d’actifs soit alarmante, il est important de comprendre que c’est un phénomène extrêmement rare et temporaire, observé seulement 3 fois dans l’histoire. Il est donc déraisonnable de croire que la stratégie n’est plus sécuritaire pour le futur proche et que la corrélation négative entre les actions et les obligations  n’agira plus comme protection contre la volatilité du portefeuille.

 

2023 : une année rebond

Marquée par des pauses des hausses des taux d’intérêt ainsi qu’une décroissance graduelle de l’inflation, la première moitié de 2023 a marqué le retour du portefeuille 60/40. Par exemple, le portefeuille indiciel équilibré iShares XBAL a généré 6,8% de rendement dans les 6 premiers mois de l’année3. Le reste de l’année s’annonce optimiste pour les obligations, alors qu’elles semblent reprendre leur rôle de diversification au sein des portefeuilles diversifiés par classe d’actifs. La hausse des taux d’intérêt semble avoir atteint son sommet et l’inflation se dirige maintenant vers un niveau beaucoup plus raisonnable, à défaut d’atteindre sa cible de 2%. Ces signes de stabilisation économique ainsi que des rendements initiaux plus élevés permettraient aux obligations d’agir comme source de rendement sécuritaire en période de ralentissement économique. Elles retrouvent donc leur rôle crucial dans la stratégie fondamentale du portefeuille 60/40. De plus, le marché prévoit que l’économie pourrait entrer en récession d’ici 2024, où les obligations pourraient fournir une protection précieuse contre de potentielles baisses au niveau des actions.

Rendement annuel des obligations américaines

 

Patience

Comme la plupart des stratégies d’investissement, le portefeuille 60/40 requiert de la patience et bénéficie d’un horizon d’investissement à long terme. L’année 2022 aura agi comme test de discipline et de contrôle pour plusieurs investisseurs. Ceux qui savent mettre leurs émotions de côté en investissant reconnaitront que l’année 2022 représentait une donnée presque aberrante pour le rendement du portefeuille 60/40. Cette stratégie a pour objectif de générer un rendement annualisé moyen de 7% sur une longue période, à ne pas confondre avec un objectif de 7% chaque année5. Après une année difficile pour le portefeuille, il est important de regarder en avant, pas en arrière. Avec l’environnement économique instable et en changement constant, on se doit, en tant qu’investisseur responsable, de ne pas se départir d’une stratégie qui a connu une mauvaise année. Qu’est-ce qui peut être pire que perdre presque 12% en un an? Réagir en retirant ses actifs d’un portefeuille 60/40 qui pourrait vous rapporter jusqu’à 12% de rendement positif. Évidemment, rien ne garantit que le rendement soit si élevé cette année, mais les données historiques des obligations indiquent qu’elles n’ont jamais chuté deux années consécutives et qu’elles retrouveront leur rôle de diversification au sein de votre portefeuille 60/40 cette année et la suivante, surtout en cas de récession imminente.

L'importance de rester investi malgré les marchés baissiers

 

Est-ce la bonne stratégie pour moi?

Bien entendu, le portefeuille 60/40 n’est pas une stratégie adaptée à tous les investisseurs. Avant d’adopter une stratégie d’investissement, il est primordial d’identifier ses objectifs, son horizon de placement, sa tolérance au risque et même sa planification fiscale reliée à ses placements. La planification financière peut sembler comme une montagne insurmontable, mais un conseiller financier est en mesure de vous outiller et vous accompagner pour établir et atteindre vos objectifs. Faites appel à un de nos conseillers pour profiter de leur expertise en prenant un rendez-vous ici.

 

Auteur: Pascal Dion

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Prenez un rendez-vous avec l'un des membres de notre équipe: https://strateginc.com/nous-joindre/

 

 

Sources

  1. https://www.gsam.com/content/gsam/us/en

  2. https://www.vanguard.ca/en/investor/insights/
  3. https://www.journaldemontreal.com/2023/07/29/
  4. https://www.callan.com/blog-archive
  5. https://www.vanguard.ca/fr/advisor/insights/
  6. https://privatebank.jpmorgan.com/gl/fr/insights/
  7. https://www.allnews.ch/content/points-de-vue/
  8. https://www.lesaffaires.com/mes-finances/

 

 

Le portefeuille 60/40 a longtemps été une des stratégies de diversification les plus adoptées et efficaces, faisant ses preuves avec de forts rendements historiques pour l’appuyer. La stratégie consiste de répartir son portefeuille de placements par classe d’actifs, 60% en actions et 40% en obligations. L’objectif est de se protéger contre le risque d’une baisse d’une classe d’actifs, qui serait beaucoup plus dévastatrice si on n’en détenait qu’une seule. Cette stratégie a connu de grands succès année après année pour les quelque 100 dernières années, mais a subi une chute drastique en 2022, représentant un des pires rendements annuels de son histoire1.

 

Comment cela fonctionne ?

Le risque d’un portefeuille peut être mesuré par plusieurs facteurs, mais principalement par sa volatilité. Il y a quelques façons de réduire la volatilité d’un portefeuille, la plus évidente étant d’y ajouter des actifs moins volatils tels que des liquidités, de l’or ou d’autres actifs tangibles. Toutefois, les actifs ayant une volatilité plus faible sont souvent susceptibles de générer un rendement espéré plus faible. Pour éviter cet échange défavorable, on peut autrement réduire la volatilité de son portefeuille en y ajoutant des actifs négativement corrélés. Autrement dit, si le stock A performe bien lorsque le stock B sous-performe, et vice-versa, ils protègeront mutuellement les pertes de l’autre, tout en maintenant leur rendement espéré respectif en période de croissance normale. Ce principe est la fondation du portefeuille 60/40, en raison de la corrélation historiquement négative des actions et des obligations.

 

Une année à oublier

L’année dernière fut une année difficile pour le portefeuille 60/40. En fait, 2022 a connu le pire rendement depuis 1937, alors que l’économie souffrait encore de la Grande Dépression. Cet important recul est le résultat d’une inversion de la corrélation entre le rendement des actions et celui des obligations. Alors que les actions chutaient en raison des tensions en Ukraine et de la pression appliquée sur l’économie mondiale, les obligations ont aussi connu le pire rendement annuel de leur histoire. En raison de l’inflation à des hauts historiques et des taux d’intérêt qui ont grimpé en flèche dans l’espoir de combattre cette inflation persistante, les obligations américaines ont généré un rendement annuel négatif record de -10,8%. La combinaison avec le rendement annuel de -19,6% de l’indice du S&P 500 se conclut par une année désastreuse pour le portefeuille 60/40, qui compte habituellement sur le rendement certain des obligations pour se protéger contre la volatilité des actions. Dans les 10 dernières années, le portefeuille 60/40 mondialement diversifié a connu un rendement annualisé de 6,1%, qui aurait été 8,9% sans l’année drastiquement négative de 20222. Certains investisseurs ont réagi rapidement à l’année 2022, annonçant que cette année-là marquait la mort du portefeuille 60/40 et que cette stratégie d’investissement ne serait plus adoptée étant donné qu’on ne pouvait plus compter sur la corrélation négative entre les actions et les obligations. En effet, le portefeuille 60/40 typique avait décliné d’environ 12% au cours de l’année3.

Rendement des obligations du Trésor américain

 

Le portefeuille 60/40 est-il réellement chose du passé ?

La chute drastique du portefeuille 60/40 en 2022 était le résultat du pire rendement annuel des obligations de l’histoire combiné avec un rendement négatif important des actions. C’était la première fois depuis 1969 que les rendements annuels des actions et des obligations étaient tous deux négatifs, et la troisième fois de l’histoire incluant 19314. Tout comme en 2022, 1969 a été une année où l’inflation accélérait à un rythme fulgurant et où les taux d’intérêt ont grimpé drastiquement. Familier, n’est-ce pas ? En effet, des conditions économiques hors du commun sont à la source des deux dernières chutes simultanées des actions et des obligations. Bien qu’une inversion de la corrélation négative entre les classes d’actifs soit alarmante, il est important de comprendre que c’est un phénomène extrêmement rare et temporaire, observé seulement 3 fois dans l’histoire. Il est donc déraisonnable de croire que la stratégie n’est plus sécuritaire pour le futur proche et que la corrélation négative entre les actions et les obligations  n’agira plus comme protection contre la volatilité du portefeuille.

 

2023 : une année rebond

Marquée par des pauses des hausses des taux d’intérêt ainsi qu’une décroissance graduelle de l’inflation, la première moitié de 2023 a marqué le retour du portefeuille 60/40. Par exemple, le portefeuille indiciel équilibré iShares XBAL a généré 6,8% de rendement dans les 6 premiers mois de l’année3. Le reste de l’année s’annonce optimiste pour les obligations, alors qu’elles semblent reprendre leur rôle de diversification au sein des portefeuilles diversifiés par classe d’actifs. La hausse des taux d’intérêt semble avoir atteint son sommet et l’inflation se dirige maintenant vers un niveau beaucoup plus raisonnable, à défaut d’atteindre sa cible de 2%. Ces signes de stabilisation économique ainsi que des rendements initiaux plus élevés permettraient aux obligations d’agir comme source de rendement sécuritaire en période de ralentissement économique. Elles retrouvent donc leur rôle crucial dans la stratégie fondamentale du portefeuille 60/40. De plus, le marché prévoit que l’économie pourrait entrer en récession d’ici 2024, où les obligations pourraient fournir une protection précieuse contre de potentielles baisses au niveau des actions.

Rendement annuel des obligations américaines

 

Patience

Comme la plupart des stratégies d’investissement, le portefeuille 60/40 requiert de la patience et bénéficie d’un horizon d’investissement à long terme. L’année 2022 aura agi comme test de discipline et de contrôle pour plusieurs investisseurs. Ceux qui savent mettre leurs émotions de côté en investissant reconnaitront que l’année 2022 représentait une donnée presque aberrante pour le rendement du portefeuille 60/40. Cette stratégie a pour objectif de générer un rendement annualisé moyen de 7% sur une longue période, à ne pas confondre avec un objectif de 7% chaque année5. Après une année difficile pour le portefeuille, il est important de regarder en avant, pas en arrière. Avec l’environnement économique instable et en changement constant, on se doit, en tant qu’investisseur responsable, de ne pas se départir d’une stratégie qui a connu une mauvaise année. Qu’est-ce qui peut être pire que perdre presque 12% en un an? Réagir en retirant ses actifs d’un portefeuille 60/40 qui pourrait vous rapporter jusqu’à 12% de rendement positif. Évidemment, rien ne garantit que le rendement soit si élevé cette année, mais les données historiques des obligations indiquent qu’elles n’ont jamais chuté deux années consécutives et qu’elles retrouveront leur rôle de diversification au sein de votre portefeuille 60/40 cette année et la suivante, surtout en cas de récession imminente.

L'importance de rester investi malgré les marchés baissiers

 

Est-ce la bonne stratégie pour moi?

Bien entendu, le portefeuille 60/40 n’est pas une stratégie adaptée à tous les investisseurs. Avant d’adopter une stratégie d’investissement, il est primordial d’identifier ses objectifs, son horizon de placement, sa tolérance au risque et même sa planification fiscale reliée à ses placements. La planification financière peut sembler comme une montagne insurmontable, mais un conseiller financier est en mesure de vous outiller et vous accompagner pour établir et atteindre vos objectifs. Faites appel à un de nos conseillers pour profiter de leur expertise en prenant un rendez-vous ici.

 

Auteur: Pascal Dion

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Prenez un rendez-vous avec l'un des membres de notre équipe: https://strateginc.com/nous-joindre/

 

 

Sources

  1. https://www.gsam.com/content/gsam/us/en

  2. https://www.vanguard.ca/en/investor/insights/
  3. https://www.journaldemontreal.com/2023/07/29/
  4. https://www.callan.com/blog-archive
  5. https://www.vanguard.ca/fr/advisor/insights/
  6. https://privatebank.jpmorgan.com/gl/fr/insights/
  7. https://www.allnews.ch/content/points-de-vue/
  8. https://www.lesaffaires.com/mes-finances/

 

 

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